Journée mondiale contre l'hépatite: nous n'attendons plus!
Le 28 juillet est la Journée mondiale contre l'hépatite, une journée pour appeler au changement et se commémorer le million de vies perdues chaque année à cause de l'hépatite virale.
CanHepC reconnaît et joint sa voix à la campagne de la Journée mondiale contre l'hépatite sous le thème « Nous n'attendons pas » pour exiger une action urgente afin d'accélérer les efforts vers l'élimination de l'hépatite virale au Canada.
En 2016, le gouvernement canadien a signé la Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et adopté ses cibles pour éliminer l'hépatite C en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030 dans son plan d'action quinquennal sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang. Ces cibles incluent de réduire les nouveaux cas d'hépatite C de 90 %, de diagnostiquer 90 % des infections par le virus de l'hépatite C et de s’assurer que 80 % des personnes admissibles reçoivent un traitement contre l'hépatite C d'ici 2030. Chacune de ces cibles s'accompagnent d'une étape intermédiaire : réduire les nouveaux cas d'hépatite C de 30 %, diagnostiquer 30 % des infections par le virus de l'hépatite C et traiter 30 % des personnes éligibles pour l'hépatite C d'ici 2020.
Alors, où en est le Canada sur la voie de l'élimination?
Les récentes estimations nationales de l'hépatite C publiées par l'Agence de la santé publique du Canada sur la base des données de 2019 permettent de suivre notre progrès par rapport aux cibles de l'OMS dans les domaines de la prévention, du diagnostic et du traitement. Ces estimations montrent qu'en 2019, le Canada a atteint les cibles de 2020 en matière de diagnostic et de traitement avec environ 76 % des personnes ayant déjà eu l’hépatite C diagnostiquées et environ 30 % des personnes vivant avec une hépatite C chronique traitées. Cependant, en termes de prévention, le Canada a largement raté sa cible avec une réduction de seulement 2 % des nouveaux cas d'hépatite C en 2019. Ceci démontre que nous devons augmenter considérablement les efforts de prévention de l'hépatite C, y compris l'accès à des services vitaux de réduction des méfaits ainsi qu'au dépistage et au traitement. Même si nous avons atteint l'objectif de traitement pour 2020, nous sommes encore loin d'atteindre l'objectif de traitement de 80 % d'ici 2030, et il sera essentiel de continuer à fournir le soutien dont les personnes ont besoin pour pouvoir accéder au traitement. Nous savons également que la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur l'accès aux services de prévention, de dépistage et de traitement de l'hépatite C, et les estimations post 2020 seront importantes pour avoir une image plus précise à l'avenir.
L'accès à des estimations pancanadiennes actualisées de l'hépatite C chaque année est essentiel pour suivre nos progrès d'ici 2030. Les estimations au niveau régional sont tout aussi importantes, car nous savons que les mesures prises par les provinces et les territoires canadiens en vue de l'élimination divergent, comme le démontre cet article où les auteurs ont déterminé que 3 provinces canadiennes sur 10 sont en retard pour atteindre l'élimination d'ici 2030.
L'hépatite ne peut pas attendre, et nous n'attendons pas pour aider les régions à élaborer leurs plans.
Sur la scène régionale, CanHepC facilite l'élaboration de six feuilles de route régionales pour l'élimination de l'hépatite C (et une feuille de route nationale pour les peuples autochtones) qui contextualiseront le Modèle directeur national de l'hépatite C lancé par le réseau en 2019. Ces feuilles de route visent à établir un consensus sur les recommandations politiques et les actions pratiques à mettre en place pour éliminer l'hépatite C et suivre les progrès régionaux. Leur développement est présentement en cours, la feuille de route pour l'Ontario vient tout juste d'être lancée.
Au travers de notre programme de recherche, nous contribuons aussi à l’élaboration d’indicateurs et de mesures de la cascade de soins dans plusieurs provinces au Canada ainsi que pour les populations concernées au moyen d’études de modélisation s’appuyant sur des données épidémiologiques et administratives. Ces études nous permettent d’avoir un portrait plus précis des lacunes et de mesurer les progrès dans les domaines de la prévention, du diagnostic et du traitement de l’hépatite C. Combinés avec des estimations pancanadiennes et régionales actualisées sur l'hépatite C nous serons plus que jamais en mesure de comprendre où se trouvent les domaines spécifiques sur lesquels nous devons concentrer nos efforts à l'avenir.